L’Éducation aux médias et à l’information et la réforme du lycée

Quelle est la place de l’EMI dans les nouveaux programmes ? Quels professeurs seront amenés à traiter ces questions ? Et enfin, quelle sera la place des professeurs documentalistes dans cette réforme des programmes du lycée ? Si certaines questions ne sont pas encore élucidées, on peut néanmoins constater à la lecture des programmes que l’EMI est abordée au sein de trois enseignements :

  • en Sciences numériques et technologie en seconde ;
  • en Lettres en seconde et première ;
  • en EMC en seconde et première.

 

Un nouvel enseignement : Sciences numériques et technologie

Avec la réforme, un nouvel enseignement obligatoire voit le jour en classe de seconde : Sciences numériques et technologie (SNT). Cet enseignement, qui se trouve à la croisée des programmes de Mathématiques et de Technologie de cycle 4, sera dispensé à tous les élèves de seconde à raison d’une heure et demie par semaine.
Le Conseil supérieur des programmes prévoit que le programme de SNT devra s’appuyer sur celui de Mathématiques (particulièrement avec l’algorithmique et la programmation) : nous pouvons donc en déduire que les professeurs de Mathématiques (spécialisés en informatique) seront majoritairement en charge de cette nouvelle discipline.

Un coup d’œil au programme de cet enseignement suffit pour comprendre qu’il peut permettre d’aborder l’EMI dans sa forme la plus technique. Les thématiques traitées sont les suivantes :

  • internet ;
  • le web ;
  • les réseaux sociaux ;
  • les données structurées et leur traitement ;
  • localisation, cartographie et mobilité ;
  • informatique embarquée et objets connectés ;
  • la photographie numérique.

Les professeurs en charge de cette discipline sont invités à évoquer ces thématiques de façon transversale, autrement dit en dépassant les aspects scientifiques pour traiter des notions historiques, l’impact du web sur les activités humaines (notamment la question des fausses informations et de la fiabilité des sources) ainsi que la sécurité et la confidentialité des informations personnelles.

 

L’EMI en Lettres

La thématique « La littérature d’idées et la presse » apparaît en seconde (du XIXe siècle au XXIe siècle) et en première (du XVIe siècle au XVIIIe siècle).
Vous pouvez d’ailleurs retrouver notre article Français : quels changements en 2019 ?

Après avoir abordé les problématiques de l’EMI sur les usages contemporains au collège, cet objet d’étude permettra aux élèves d’ajouter une perspective historique et littéraire en étudiant la littérature d’idées et le développement des médias de masse. Ce sera l’occasion d’étudier de grands débats éthiques ou artistiques, les courants de pensée et l’argumentation. Les prolongements artistiques et culturels permettront notamment de faire le lien entre la littérature et le journalisme et d’étudier l’évolution des supports avec l’arrivée de la presse numérique.

Cet objet d’étude favorise également l’interdisciplinarité : des liens sont possibles avec l’EMC, avec les professeurs documentalistes ainsi qu’avec les institutions culturelles locales.

 

L’EMI en EMC

L’EMI est abordée en EMC en seconde dans les deux axes au programme. Pour l’axe « Des libertés pour la liberté », l’objet d’enseignement sur la liberté de l’information traite notamment les questions liées aux environnements numériques. Concernant l’axe « Garantir les libertés, étendre les libertés : les libertés en débat », on peut retrouver les problématiques de l’EMI avec les objets d’enseignement suivants :

  • les flux informationnels et leur régulation sur internet : la question de la liberté d’expression dans un environnement numérique et médiatique ; harcèlement et persécution sur internet ;
  • liberté et droit à la protection : les mineurs  ; les personnes fragiles ; les données numériques, traitement et protection (règlement général sur la protection des données).

En première, vous retrouverez l’EMI dans l’axe « Fondement et fragilité du lien social » avec les deux objets d’enseignement suivants :

  • les réseaux sociaux et la fabrique de l’information : biais de confirmation, bulles de filtre ; surinformation et tri ; fiabilité et validation ;
  • les phénomènes et mécanismes de contre-vérités : le complotisme et le révisionnisme, les fake news.

Enfin le nouveau programme mentionne dans les capacités requises : « Rechercher, collecter, analyser et savoir publier des textes ou témoignages ; être rigoureux dans ses recherches et ses traitements de l’information. »

Concernant l’intervention des professeurs documentalistes les programmes stipulent :
« [Le professeur] peut, dans la mesure du possible, établir des liens avec les programmes d’enseignement moral et civique et avec l’éducation aux médias et à l’information, et mener un travail interdisciplinaire, avec les professeurs documentalistes notamment. Les partenariats avec les institutions locales administratives ou juridiques, l’utilisation des médias locaux et/ou numériques, particulièrement durant les événements récurrents comme la Semaine de la presse et des médias à l’École, peuvent conforter et élargir l’enseignement. »

 

Nous espérons que ces éléments de décryptage vous seront utiles et qu’ils seront pertinents dans votre pratique quotidienne. N’hésitez pas à nous poser vos questions en commentaire !

 

PS : Afin de mieux anticiper vos besoins, nous souhaiterions échanger avec des professeurs qui enseigneront bientôt les Sciences numériques et technologie : n’hésitez pas à nous faire signe en commentaire ou par mail. 🙂

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